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Gael Prigent

Un peu d'histoire...


Ma mère raconte souvent que bébé, je me serrai contre elle quand j'entendais de la musique. Je ne sais absolument pas si ça disait grand chose de ma sensibilité profonde, mais toujours est-il qu'enfant j'ai vite découvert qu'un simple poste radio avec un lecteur cassette permettait d'enregistrer tout un tas de choses : des sons de la maison, des musiques que j'aimais bien, des histoires (vu mon âge elles devaient être aussi passionnante que d'une haute tenue littéraire), le chant des oiseaux et tout un tas d'autres merveilles avec le rendu précis et chamarré qu'offraient le micro intégré bas de gamme et les cassettes audio grand public.


Puis, vers mes 6 ans, révolution totale dans mon plan de carrière. Première cause : j'entre à l'école de musique et on m'offre une magnifique guitare d'étude Yamaha, une belle trois-quart qui sentait bon le vernis et qui me fascinait au plus haut point. Seconde cause : c'est aussi à ce moment qu'est arrivé chez nous l'ordinateur avec son processeur surpuissant cadencé à 100MHz et son système Windows 95 avec son inénarrable "Magnétophone". Dès lors, pas moins de quatre fabuleuses opérations m'étaient accessibles pour poursuivre mes importants travaux : lire le son à l'envers, l'accélérer, le ralentir et - Graal des Graal ! - le superposer à un autre fichier (sans aucune interface visuelle, il fallait faire les calages à la main en calculant le bon point de départ ; une super activité pour un gosse). Très vite, j'ai réussi à me faire payer un petit CD-Rom avec tout plein de bruitages d'une qualité qui rivalisait sans trop de mal avec mes créations personnelles faites avec mon combo radio/lecteur cassette... Mieux ; c'est aussi à ce moment que me vient la découverte folle des connexions d'appareils entre-eux grâce à cette invention fabuleuse : le câble. Les parents affolés avaient bien sûr peur que mes expériences "cassent" l'ordinateur - selon la terminologie en vigueur à cette époque pour l'informatique grand public. Las, j'avais déjà repéré la fiche mini-jack (j'ignorais cette précise terminologie également à l'époque, j'appelais ça un zizi, ainsi qu'on appelle les choses de ce type dont on ignore le nom) avec un petit dessin de micro... Bref, j'ai dégotté un micro d'ordinateur chez des amis de mes parents, piqué quelques câbles à la chaîne hifi (à laquelle je n'avais pas non plus vraiment le droit de toucher pour ne pas la "casser" - vous avez saisi) et cette prise micro devenait un fabuleux point d'entrée pour n'importe quoi qui pouvait transmettre du son via un câble, dont le fidèle poste à cassettes familial ; et c'était fou. J'avais le sentiment d'avoir un studio et je faisais absolument n'importe quoi. Époque bénie.


La suite a suivi cette logique. Ma petite ville natale n'offrait que peu de choses pour me permettre d'assouvir mes rêves de créativité sans limites. Heureusement, le rayon informatique du supermarché du coin (ce que le gens de la Grande Ville appelaient une FNAC) contenait quelques softs qu'une gestion avisée de l'argent de poche et un détournement soigneusement orchestré du budget alloué au bus pour rentrer de l'école rendaient abordables en quelques mois. Trente minutes de marche quotidienne c'est long pour un gamin mais au moins je pouvais planifier mes projets pendant le trajet. Toujours est-il que j'ai un jour pu me payer cette merveille : Music Techno Studio. J'avais onze ans et sans même savoir ce que c'était, je venais de m'offrir mon premier DAW. Et quel DAW ! Une incroyable bibliothèque de samples de techno assez nuls, mais surtout 8 pistes et une interface visuelle, c'é-tait-le-fu-tur !


Puis sont venus l'adolescence, l'enregistreur MD, ma première guitare électrique, les premiers groupes (on était à deux doigts de percer, mais ça a splité à une récrée, sale histoire) et sans même avoir le temps de dire ouf, je me retrouve à pondre cette bafouille ; un simple regard amusé sur les origines de mon modeste parcours. J'en suis aujourd'hui à gagner ma croute avec le son, à former de futurs techniciens à qui je souhaite le meilleur vent du monde et à me dire que si l'objectif d'une vie est de la finir heureux, l'idéal pour moi est de la commencer en musique, en simple nouveau né lové contre sa mère, éprouvant pour la première fois ce sentiment unique et fou de bonheur absolu.


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